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Voyage d'étude à Aushwitz

Par ANNE-CLAIRE QUEMENER, publié le vendredi 29 mars 2024 15:15 - Mis à jour le vendredi 29 mars 2024 15:39
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Du 15 au 18 février dernier, MM. SCHÜTZ et CIGOLOTTI, enseignants d'histoire-géographie, ont participé à une formation consacrée à l’enseignement de la Shoah, proposée par le Mémorial de la Shoah dans le cadre du Plan académique de formation.

Le premier jour se déroulait à Paris, au Mémorial de la Shoah. La matinée était consacrée à la visite du musée sur l'histoire juive durant la Seconde Guerre mondiale. L’après-midi fut occupé par deux conférences très approfondies sur « la Solution finale de la question juive » par Christophe Tarricone, et « Auschwitz, un camp de concentration et centre de mise à mort » par Alban Perrin, tous deux professeurs et formateurs au Mémorial. Il s’agissait de restituer avec une grande précision les événements dans leur cadre chronologique, politique et spatial, et d’interroger le vocabulaire souvent très connoté qu’on utilise pour décrire le génocide.

Après avoir décollé vendredi à l’aube de Paris, nous sommes arrivés à Cracovie, où nous avons commencé par la visite de l’ancien quartier juif de la ville, Kazimierz.  Ce fut un premier choc tant les vestiges architecturaux de la présence juive sont nombreux (synagogues, cimetières…), témoignant de l’importance de la population juive polonaise avant la guerre, et notamment à Cracovie, dont un quart des habitants étaient juifs (soit 56000 personnes) ; aujourd’hui, cette communauté est estimée à 130 personnes…

 

Toute la journée du samedi était dédiée à la visite d’Auschwitz : le matin sur le site de Birkenau, l’après-midi au camp d’Auschwitz-I où se trouve le musée national. La présence de nos collègues formateurs (Christophe Tarricone et Pascal Zachary) était cruciale : il s’agissait de prendre conscience de l’écart existant entre les connaissances et représentations que tout le monde croit savoir, et la réalité du processus génocidaire tels que les lieux nous le révèlent concrètement. Par exemple, l’immense majorité des juifs amenés à Auschwitz n a jamais franchi l’entrée du camp, n’a pas vu le fameux portail, n’a pas été tatouée : ils étaient immédiatement mis à mort. La « sélection », ponctuelle, n’a concerné qu’une infime minorité apte à travailler au gré des besoins ponctuels des nazis, ceux-ci employant plutôt les autres détenus non juifs, qui relevaient, eux, du système concentrationnaire. La spécificité de la Shoah, parmi les autres crimes de masse, nous apparaît ici dans toute son ampleur, mais sur un lieu, Auschwitz, qui est lui-même une exception.

 

Après cette journée éprouvante, il nous restait le dimanche matin à découvrir les traces du ghetto que les nazis avaient délimité à Cracovie, puis à entreprendre le très long voyage de retour vers la Haute-Loire.

Cette formation a été pour nous très riche d’enseignements, bien sûr, mais aussi de questionnements. L’étude de la Shoah est une nécessité absolue, l’obscurantisme et les vieilles haines n’ayant visiblement pas disparu. Mais elle doit se faire avec rigueur et précision : or le programme de terminale la limite à deux heures. Comment faire ?

Entreprendre un tel voyage mémoriel demande donc un sérieux investissement en amont pour éviter les approximations et raccourcis. Une fois ce travail fait, on peut alors se rendre sur l’inhospitalière plaine humide d’Auschwitz ou dans le quartier juif de Cracovie et prendre véritablement conscience de ce que le terme Génocide signifie originellement : l’absence, la disparition, le vide.